
On ne peut pas dire que le choix du groupe anglais se soit porté sur un spécialiste du luxe. Mais Jaguar Land Rover (JLR), qui a annoncé mardi avoir nommé comme directeur général Thierry Bolloré, ancien patron de Renault jusqu'à son limogeage en octobre dernier, tient un expert en situations délicates. Le séisme qu'il a vécu avec l'affaire Ghosn et l'ambiance électrique qui régnait à Billancourt ne vont pas lui manquer. La retenue de Bolloré et sa mise « so british » conviendront sans doute mieux aux couloirs feutrés d'un groupe de marques réunissant deux institutions, a priori ultra-britanniques.
Ce n'est pas vraiment le cas puisque le propriétaire de JLR est le groupe indien Tata Motors. Tellement peu anglais que, durant la crise du Covid, JLR a dû se tourner vers les banques chinoises pour être soutenu, son profil le rendant inéligible aux prêts du Royaume-Uni. JLR n'est donc plus vraiment ce joyau de la couronne, même si son histoire le rattache indiscutablement aux gènes britanniques. Une subtilité que devra intégrer Thierry Bolloré.

Celui-ci prendra ses fonctions le 10 septembre prochain en remplacement de Ralf Speth qui a été à la tête du groupe pendant plus de dix ans.
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Ancien cadre de l'équipementier automobile français Faurecia, Thierry Bolloré avait rejoint Renault en 2012, où il a gravi tous les échelons. Il avait été évincé de son poste de directeur général en octobre dernier afin de tourner la page de l'ère Carlos Ghosn dont il était un protégé. M. Bolloré va prendre la tête de Jaguar Land Rover au moment où la pandémie a mis à rude épreuve le secteur automobile.
« C'est un privilège de diriger cette fantastique entreprise dans ce qui est encore un des moments les plus exigeants de notre génération », a-t-il déclaré dans le communiqué.
Passer le cap
Et le contexte n'est guère réjouissant alors même que, comme d'autres constructeurs haut de gamme, les règles drastiques d'émissions polluantes l'ont contraint à effectuer un virage à 180 degrés pour se tourner vers les voitures électrifiées.
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Alors qu'il est en plein renouvellement de gammes, avant même d'être rattrapé par la pandémie, JLR avait annoncé récemment la suppression de 1 100 emplois intérimaires au Royaume-Uni et une perte avant impôt de 500 millions de livres entre janvier et mars.
En raison de la chute de ses ventes, sa trésorerie a fondu à grande vitesse. Le groupe a même dû se tourner vers des banques chinoises pour obtenir le prêt de 560 millions de livres que les pouvoirs publics au Royaume-Uni ne pouvaient lui octroyer. L'Empire des Indes n'est plus qu'un lointain souvenir.
Le groupe veut passer le cap, réduire ses coûts avec pour objectif d'économiser 5 milliards de livres d'ici à mars 2021, soit un milliard de plus que prévu jusqu'à présent. Il a pris en outre la décision de réduire ses investissements, à 2,5 milliards de livres pour l'exercice 2020-2021, contre 3,3 milliards pour 2019-2020.
Les suppressions d'emplois interviennent après un plan de restructuration annoncé l'an dernier et qui prévoyait déjà de réduire les effectifs de 5 000 postes. Un gros challenge en perspective pour Thierry Bolloré qui doit, en même temps, mener la mutation de la gamme vers des voitures plus propres… sans perdre son essence
July 29, 2020 at 12:00PM
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Un Français prend les commandes de Jaguar Land Rover - Le Point
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